Conférence 29022024
Conférence

L'Attestation, une expérience d'obéissance de masse

Nicolas
Mariot

Nicolas Mariot, chercheur au CNRS, est spécialiste de sociologie historique. Il a travaillé, avec Claire Zalc, sur l’histoire de la communauté juive de Lens des années 1930 aux années 1950. Il s’agissait de retracer les itinéraires et choix d’un ensemble de 991 individus, 350 familles, face aux persécutions dont elles ont été l’objet. Il est l’un des co-organisateurs du séminaire « Histoire et historiographie de la Shoah » à l’EHESS. Il s’est intéressé depuis aux rapports sociaux dans les tranchées de la Grande Guerre. Nicolas Mariot travaille actuellement sur une étude comparée des violences de masse au XXe siècle.

Théo
Boulakia

Doctorant en sociologie (École normale supérieure, Centre Maurice Halbwachs). Ses recherches, qui combinent méthodes ethnographiques et statistiques, portent sur l’élevage, la santé au travail et la surveillance de masse.

 

Le jeudi 29 février à 18h, nous avons eu le plaisir d’accueillir pour une conférence les sociologues Théo Boulakia et Nicolas Mariot, les auteurs de « L’Attestation. Une expérience d’obéissance de masse, printemps 2020 ».

« Aucune population ne se met au garde-à-vous comme ça, en 2 ou 3 jours » écrivait le docteur Jean-Hervé Bradol lors d’un entretien publié dans Médiapart trois jours après le début du premier confinement en France pendant la pandémie de Covid-19. Souvent les populations auprès desquelles nous travaillons nous montrent que même en situation de catastrophe sanitaire, elles ne sont pas prêtes à changer leurs habitudes sur une simple demande des autorités. D’ailleurs, le recours à ce genre de demandes n’est-il pas le signe que les acteurs de santé n’ont rien d’autre à proposer (traitements, vaccination par exemple) ?

Pendant les 55 jours du premier confinement (17 mars – 11 mai 2020), il y eut en France 21 millions de contrôles au nom de l’état d’urgence sanitaire et 1,1 million d’amendes. Théo Boulakia et Nicolas Mariot expliquent que la surveillance massive propre au confinement à la française présentée comme la seule option possible contraste avec d’autres pays qui ont fait des choix moins contraignants et menant parfois à de meilleurs résultats. Pour les auteurs, la décision par les Etats de l’enfermement est finalement « moins le produit de bonnes intentions que de vieilles habitudes » d’autoritarisme propres à l’histoire de chaque pays.

En tant que citoyen face à un évènement inédit, pourquoi obéir ? Jusqu’où accepter de voir sa liberté réduite ? Prenant appui sur des sources diverses, dont l’enquête « La vie en confinement » (Vico), un questionnaire diffusé en ligne au moment même du premier confinement, auquel 16 000 personnes ont répondu Théo Boulakia et Nicolas Mariot traitent ces questions de manière pratique. Ils définissent six catégories d’individus : les claustrés, les légalistes, les exemplaires, les insouciants, les réfractaires, les protestataires face à cette « expérience d’obéissance de masse largement inédite ». Le lecteur découvre la fréquence des délations ainsi que la spécificité du confinement pour les femmes.

Plus d'informations : ici 

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Pour citer ce contenu :
Nicolas Mariot, Théo Boulakia, « L'Attestation, une expérience d'obéissance de masse », 29 février 2024, URL : https://msf-crash.org/fr/rencontres-debats/lattestation-une-experience-dobeissance-de-masse

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