SUR LE VIF est un blog participatif animé par les membres du Crash. Son but est d’exposer la diversité des expériences et des opinions qui agitent le monde de l'aide humanitaire, en évitant l'inclination au consensus qui tend à l'idéaliser. Les contributions des internautes sont plus que bienvenues : elles sont attendues.
Les opinions exprimées sur ce blog n’engagent que leurs auteurs.
Les « disparus » du Congo - Zaïre, 1996-1997. La question des massacres de réfugiés rwandais hutus en République démocratique du Congo
Un livre de Patrick de Saint-Exupéry vient d’être édité : La traversée. Une odyssée au cœur de l’Afrique. Quelle odyssée ? La traversée du Congo (Zaïre puis République démocratique du Congo) à partir du Rwanda. L’auteur évoque ses rencontres, les bières prises ici et là, la rudesse du parcours à l’arrière d’une moto (jusqu’à Kisangani), une navigation sur le fleuve Congo, le survol de la forêt dense en direction de Mbandaka.
Ébola et innovation : tirer le bilan de la stratégie de réponse à l’épidémie dans le Nord Kivu
Quatre mois après le signalement des premiers cas en août 2018, l’épidémie d’Ébola dans la province du Nord Kivu (et de l’Ituri) était devenue la deuxième plus grande flambée jamais enregistrée. Malgré une mobilisation rapide et massive des ressources, l’épidémie s’est propagée au-delà des prédictions les plus pessimistes, et le taux de létalité (la proportion de personnes infectées qui en meurent) restait à 66%. En dépit de nombreuses initiatives pour tirer les leçons de l’épidémie d’Ébola de 2014–2016 en Afrique de l’Ouest, et malgré le développement de nouveaux vaccins et traitements, au vu du bilan en RDC, 3.444 cas et 2.264 décès, il est difficile de prétendre que cette fois les résultats sont meilleurs.
L’Ephad et ses fantômes : l’expérience de MSF en France pendant la crise sanitaire - Entretien
Cet article a été publié dans la revue Mouvements le 24 mars 2021.
Au début du printemps 2020, l’organisation humanitaire Médecins Sans Frontières a lancé une mission dans les Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) d’Ile-de-France, touchés de plein fouet par la pandémie de Covid-19. Après avoir réfléchi à la mise en place de soins palliatifs de nuit, l’organisation s’est finalement orientée, suite à une phase exploratoire, vers un appui en journée à des Ehpad en difficulté. Puis à partir de l’été, une fois la crise terminée, les équipes de MSF ont proposé aux personnels des établissements un accompagnement en santé mentale. Retour le 28 septembre 2020 sur cette expérience avec quatre membres de la mission, Olivia Gayraud (coordinatrice projet), Jean-Hervé Bradol, Marie Thomas (psychologue) et Michaël Neuman.
Que penser, faire et dire au sujet de la vaccination Covid-19 ?
Blog rédigé par Jean-Hervé Bradol, directeur d'études du Crash.
Aujourd’hui, pour s'approvisionner en vaccins contre la Covid-19, il y a ni une difficulté majeure liée au prix, ni un obstacle important en rapport avec les règles de propriété intellectuelle, ni un déficit de la recherche bio-médicale. Pourtant, ces trois thèmes sont en général au cœur de la communication de MSF dans le domaine de l'accès aux médicaments pour les plus pauvres. Notre discours doit donc évoluer.
Avec l'apparition de variants inquiétants du virus présent aux débuts de la pandémie et, en conséquence, la nécessité de vacciner à l'échelle mondiale le plus vite possible, le monde fait face à un double défi : d’ingénierie biologique et de production ultra industrielle – ultra faisant écho à une production à l’échelle du monde en un temps court.
Doit-on discriminer pour agir ? Le profilage : une pratique nécessaire mais débattue
Dans cet article pour le Humanitarian Practice Network, Françoise Duroch, responsable de l'Unité de recherche sur les enjeux et les pratiques humanitaires (UREPH) de MSF Genève, et Michaël Neuman, directeur d'études au Centre de réflexion sur l’action et les savoirs humanitaires (CRASH), abordent les raisons et les implications de la pratique croissante du profilage du personnel au sein de MSF.
En octobre 2020, MSF a organisé à Dakar au Sénégal un atelier sur le profilage du personnel dans les opérations au Sahel. Le profilage consiste à sélectionner le personnel en incluant des critères non professionnels tels que la nationalité, la couleur de la peau, le sexe et la religion. À ce titre, cette pratique soulève un certain nombre de questions d’ordre éthiques et pratiques. Le profilage a conduit à ce que des ressortissants des Etats-Unis ne soient pas déployés dans les opérations de MSF en Colombie par risque d'enlèvement ou à ce que des Tchadiens et des Rwandais ne le soient pas en République centrafricaine et dans l'Est de la République démocratique du Congo respectivement, en raison de conflits régionaux. Le recours au profilage a augmenté ces dernières années en particulier dans les pays d’intervention en Afrique de l'Ouest, la menace d'enlèvement d'Occidentaux par des groupes djihadistes radicaux s'étant intensifiée.
Une expérience de « partenariat », lecture orientée du journal de Che Guevara au Congo
Les partenariats opérationnels entre deux organisations sont une modalité possible des interventions humanitaires. MSF l’envisage lorsque l’objectif qu’elle poursuit dans un pays rejoint celui d’une organisation nationale existante, et qu’un rapprochement entre les deux entités présente des potentiels de synergie intéressants. Je voudrais proposer ici un pas de côté, avec l’aperçu d’une expérience par certains aspects similaire, lorsque Che Guevara tenta de porter la révolution au Congo en soutenant l’organisation de la guérilla dans l’Est du pays.
Afghanistan : MSF doit-elle accepter le risque d'assassinats ciblés ?
Une version plus courte de cet article est apparue en anglais dans The New Humanitarian le 26 novembre 2020.
Le massacre du 12 mai 2020 à la maternité soutenue par MSF à Dasht-e-Barchi (Afghanistan) pose, une fois de plus, la question de nos limites au regard des risques encourus par nos équipes. Quel est le niveau de danger acceptable pour les organisations humanitaires ? Comment fixer des limites ? Pourquoi MSF déciderait-elle de quitter Kaboul mais de rester à Herat, par exemple, ou de quitter l'Afghanistan mais de rester au Niger, au Burkina Faso, au Mali ou en Somalie, où les équipes sont également confrontées à un danger extrême ?
Communiquer et convaincre : un regard d’humanitaires sur la réponse française à l’épidémie de coronavirus
Dans cet article, les deux auteurs examinent certains éléments de la réponse française à l’épidémie à l’aune de l’expérience de Médecins Sans Frontières, en particulier du point de vue des relations qui unissent acteurs de la réponse à ceux qui en sont l’objet.
Conseils de lecture sur le Covid-19 - Partie 4
Après quelques mois de répit, l’épidémie de coronavirus a repris sa croissance, à tel point que la 2e vague est devenue une réalité dans de nombreux pays d’Europe. L’équipe du Crash a donc décidé de vous présenter quelques-unes de ses lectures récentes sur les aspects biomédicaux, politiques et sociaux, histoire de tenter d’apporter un peu d’éclairage à cette bien tragique saison 2. Comme précédemment, les articles sont en anglais et en français, issus de sources ‘grand public’ ou plus spécialisées.
Le vaccin contre le Covid-19, bien commun de l’humanité, vraiment ?
Le bénéfice du vaccin n'est réel que dans le cadre d'une réponse biomédicale, sociale, politique et économique rationnelle et complète, adaptée à l'évaluation locale de la crise sanitaire et de ses impacts.
Covid-19 : les réactions de sociologues confinés
En France, à partir du mois de mars, de nombreux sociologues interviennent régulièrement dans les médias. Partant de ce constat, Marc Le Pape a analysé 37 articles rédigés durant la période du confinement, portant sur la pandémie de Covid-19.
Le management chez MSF – Partie 2
Dans un premier entretien, Marion Péchayre évoquait différents problèmes relatifs au management chez Médecins Sans Frontières : travail en silo, multiplication des outils de gestion dans une perspective de contrôle, omniprésence des demandes de validation, effacement du rôle des individus au profit d’une présentation pseudo scientifique des faits et des projets, etc. Dans cette interview, réalisée par Elba Rahmouni, il est cette fois question des solutions à apporter à ces différents problèmes, autant d’hypothèses pour améliorer nos façons de travailler. Marion Péchayre n’entend pas donner des recettes toute faites mais plutôt un état d’esprit empreint de « sagesse pratique » (un concept de sociologie des professions) et de management par la délibération que chacun, et chaque équipe, pourra mettre en œuvre à sa manière.